- Mon Prince, il faut vous lever maintenant !

Une main chaude me secoua avec douceur alors qu’un rayon de soleil venait réchauffer mon visage. J’ouvris lentement les yeux, en m’étirant comme un chat, avec un grognement de bonheur. Une fois redressé en position assise, je laissai mon regard traîner dans ma chambre. La femme qui m’avait réveiller n’était autre que Maya, ma nourrice. C’est elle qui m’avait élevé. Pas que mes parents ne le faisait pas, mais ils avaient un royaume à gouverner … Ça prenait pas mal de temps et d’énergie. Ils avaient donc engager Maya à ma naissance. Une petite femme aux grands yeux bleus, aux cheveux roux foncés, rondelette et toujours en activité. Je l’aimais beaucoup. Malgré qu’elle continue à m’appeler « Mon Prince » et pas Natanaël. On était assez proche pour ça, non ? Ben apparemment pas.

Elle me prévint que le bain était prêt dans la pièce d’à côté. Je lui souris et me levais, encore à moitié endormi. Avançant d’un pas mou et traînant, je me dirigeai vers la bac d’eau chaude, enlevai mon pyjama, et m’y glissai avec un soupir. Je fermai les yeux et me détendit. Après un long moment, je rouvris les yeux et tombait nez à nez avec … Ma tenue de cérémonie. Enfin, l’une de mes tenues. Ma mère n’aimait pas qu’on me voit plusieurs fois avec les mêmes vêtements lors des grandes fêtes et soirées. Celle-ci était bleue foncée, parsemée de petit saphir et brodée d’or. Bleu et or. Les couleurs d’Aqua. J’ouvris de grands yeux en me souvenant de ce qui se passait aujourd’hui : le dîner à Terra ! Le roi et la reine de la Terre nous avaient invités, mes parents et moi, pour le dîner. Enfin, déjeuner, vu que c’était à midi. Je m’empressai de me savonner, de sortir, de me sécher et d’enfiler la tenue d’apparat. Parfaitement coupée et qui m’allait comme un gant, évidemment. Ma mère, perfectionniste ? Nan, juste un peu. Je souris à cette pensée, tout en séchant mes cheveux avec la serviette et en retournant vers ma chambre. Le lit était déjà fait et il n’y avait plus personne a part moi. Je posai la serviette sur une chaise et me tournai vers mon armoire. Avec un léger sourire, j’attrapai la ceinture où était accroché le fourreau de mon épée. Je pris celle-ci lentement et finalement, la glissai d’un geste souple dans la pochette en cuir et velours. Ensuite, je jetai un regard à mon reflet dans le miroir et me jugeai satisfait.

Je m’empressai de sortir et de rejoindre le Hall où je devais attendre mes parents. Ils arrivèrent vite, laissant juste passer de temps pour me faire tourner en bourrique, et me sourirent. Ma mère, comme un grande enfant, tourna sur elle-même pour me faire admirer sa robe toute pailletée d’or. Bleu nuit et or. Elle était magnifique, ciel étoilé virevoltant dans notre entrée. Je la complimentai avec un sourire admirateur. Ensuite, nous nous dirigeâmes vers l’écurie où nous attendait une calèche parée pour mes parents, et aussi Laora, ma jument. D’un blanc pur, parsemé de larges taches noires, ses yeux chocolat me regardant avec excitation. Elle aimait quand on partait en balade, et même si elle était sellée avec ses plus belles selles et brides, elle avait hâte de partir. Je mis le pied à l’étrier et m’assis avec légèreté. Je sentais Laora piaffer sur moi, impatiente. Je lui flattai l’encolure et attendit que le carrosse s’avance pour suivre. Laora se lança d’elle-même au trot et nous partîmes ainsi vers Terra. En chemin, la jument leva la tête très haut et poussa un hennissement sonore et joyeux. Je souris en voyant apparaître Djinn. Il courait tranquillement et poussa un aboiement en se rangeant à mes côtés.

Nous arrivâmes après une heure de trajet à plein régime. Les trompettes nous souhaitèrent la bienvenue et je souris encore. Un garçon d’écurie se dirigea vers moi et pris les reines de Laora. Je les lui tendit avec un sourire encourageant et après une caresse sur l’encolure de la jument. Djinn se mit à mes côtés et nous rejoignîmes mes parents. A quatre, nous nous dirigeâmes vers le palais. Un serviteur nous emmena jusqu’à la salle à manger où l’on nous installa. Il nous avait mené vers la seconde salle, où la table était plus petite que pour les grande cérémonies. Mes parents se retrouvèrent de l’autre côté de la table, et moi assis entre deux chaises vides. Je me doutais cependant que sur l’une des deux s’assierait Riku. Je souris à cette idée. J’aimais bien la princesse. J’attendis en silence, Djinn se couchant en retrait, contre le mur, observant tout ce qui se passait, ses oreilles droites.

Enfin, la porte s’ouvrit sur la famille royale de Terra. Je fis un grand sourire à la princesse et me levai avec respect, tout en lui tirant la chaise pour qu’elle puisse s’asseoir.

Pendant tout le trajet vers le château, je me laissais ballotter par le trot régulier de Laora. Celle-ci gardait la tête haute, levant les jambes bien hautes. Surtout quand nous rencontrions des gens. Elle aimait parader. Cela me faisait vraiment rire. D’habitude. Là, je venais de me réveiller, j’avais faim, et j’étais entrain de replonger dans les brumes du sommeil. Djinn à mes côtés s’efforçait d’aboyer régulièrement, pour me tenir réveiller. Une fois arriver, je lui fit un sourire reconnaissant. Il se contenta de me regarder de ses magnifiques yeux bleu, comme toujours. Il n’avait pas besoin de parler pour que je le comprenne, et réciproquement. J’aidais ma mère à descendre du carrosse et ensuite mon père vint prendre ma place. Il fallait qu’ils rentrent ensemble dans le château, selon la coutume. Je me positionnai un peu en retrait. Les serviteurs nous installèrent dans la salle à manger et je m’assis en attendant la famille royale. Bientôt, les portes s’ouvrirent et ils apparurent. Je saluai le roi et la reine avant de me tourner vers la princesse avec un sourire radieux. J’étais très attaché à elle. Elle me le rendit avec encore plus de joie et je me sentis un peu embarrassé. Pas que cela n’était pas flatteur, mais je ne pouvais m’empêcher de penser que je ne méritais pas tant d’affection.

J’admirais en silence sa robe, ses longs cheveux dont les reflets m’avaient toujours fascinés, tout en lui tirant galamment la chaise. Elle s’assit et je repris ma place. Les plats ne tardèrent pas à arriver. Je me contins un maximum pour ne pas me jeter dessus. Je mangeais lentement, essayant de pas penser à la faim qui me dévorait. Je ne parlais pas, concentré. J’écoutais vaguement mes parents discuter avec le couple de Terra et échanger des banalités avec Riku. Je sentais parfois le regard de cette dernière sur moi et le lui rendait à certains moments. Une fois à peu près rassasié, je gardai tout de même le silence. Pourquoi ? Tout simplement parce que je n’aimais parlé pendant les cérémonies. Déjà parce, et encore plus quand nous n’étions que quatre à table, tout le monde entendait ce que je disais. Et ensuite parce que le protocole m’obligeait à vouvoyer les gens, à parler avec de grandes phrases et que cela m’énervait. Attention, je ne dis pas qu’en général, je parle comme un charretier, mais je n’aime pas paraître froid. Et le vouvoiement est froid. Je relevai un peu la tête en entendant Riku me parler. Je vis aussitôt les yeux de ma mère se tourner vers nous. Décidément, aucune intimité.

- En aucun cas. Je ne préfère simplement pas troubler le repas par des bavardages.

Je lui fit un clin d’œil et un sourire pour lui faire comprendre que je ne prenais pas sa discussion pour des bavardages. Je lui désignais ensuite nos parents de l’autre côté de la table, espérant ainsi lui faire comprendre ma pensée. Nous irions discuter après, une fois le repas terminé.